Les progrès technologiques rapides et la numérisation qui gagne du terrain continuent à modeler le secteur bancaire canadien. En modifiant les modes d’accès aux produits et aux services financiers, de même que leur utilisation par les particuliers et les entreprises, la technologie influe sur les préférences des consommateurs et accélère l’évolution des modes de connexion entre les banques et leurs clients. Parallèlement, la transformation des services bancaires qui se fait de nos jours à une vitesse inégalée donne aux consommateurs des outils novateurs, nécessaires dans un monde principalement numérique.
Il est certain que la pandémie de COVID‑19 a accéléré la transformation numérique dans les activités bancaires et a fait tourner la préférence des consommateurs vers les solutions technologiques. Cet événement mondial s’est avéré un important catalyseur de changement, les Canadiens ayant augmenté leurs activités quotidiennes en ligne notamment en optant à grande échelle pour les services bancaires numériques et les transactions sans contact. En effet, comme le révèle l’enquête de 2022 Les Canadiens et leurs activités bancaires, commanditée par l’Association des banquiers canadiens, 78 % des clients de banque ont recours aux modes numériques pour effectuer la plupart de leurs activités bancaires, et 75 % comptent maintenir les habitudes liées aux activités bancaires numériques acquises au cours des deux dernières années.
Les consommateurs jouissent aujourd’hui d’un accès sans précédent à des plateformes technologiques fiables, qui répondent à tous les aspects de leurs besoins bancaires. Ainsi, les banques poursuivent, rapidement et à grande échelle, leurs efforts de modernisation et de transformation numériques, tout en travaillant à traiter et à atténuer les risques inhérents. Les institutions financières, conjointement à la modernisation de leurs activités et de l’expérience client qu’elles offrent, ont vu une hausse des risques non financiers : cybersécurité, exposition à l’écosystème de tiers, utilisation d’outils avancés comme l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, etc.
Par conséquent, la gestion du risque tient compte désormais des menaces émergentes et accompagne les produits et les services dès leur conception, conformément au ferme engagement pris par les institutions financières envers leur résilience et envers la stabilité du système financier canadien.
La stabilité, à la base d’un système solide
Le système bancaire canadien se distingue par des pratiques prudentes lorsqu’il s’agit de prêt, par une supervision diligente qu’y exerce le gouvernement et par une réglementation raisonnable fondée sur des principes de sécurité sains et solides. Les banques gèrent scrupuleusement le risque. Au fil des ans, elles ont aiguisé leurs pratiques et leurs stratégies de gestion des risques. Aiguillées par des dirigeants avertis, les banques du Canada se targuent d’une feuille de route exemplaire en gestion d’un éventail de risques, notamment les risques liés au crédit, à la liquidité, au marché, aux opérations et à la technologie.
Au cours de ces dernières années, le système financier canadien a fait preuve de résilience face à de graves perturbations externes – notamment la crise économique mondiale de 2008 et la pandémie au coronavirus – grâce surtout à son secteur bancaire bien capitalisé et axé sur la gestion du risque. Comme toute organisation tournée vers l'avenir, les banques continuent à modifier leur cadre de gestion afin de tenir compte des nouveaux types de risques qui se pointent, surtout, et de plus en plus, les risques liés à la technologie.
Comme elles l’ont toujours fait, les banques continueront à canaliser leurs efforts vers la résilience de leurs propres opérations et à contribuer au maintien d’un système financier bien fonctionnel et prêt à contrer toute menace actuelle ou future. Du point de vue macroprudentiel, le secteur bancaire est déterminé à collaborer avec les autorités fédérales pour préserver la santé du système financier canadien – l’un des meilleurs au monde – et pour raffermir sa résilience.
Les risques liés à la technologie : une partie d’un tout
Du simple point de vue du risque, la technologie doit être envisagée dans son ensemble, sous l’angle de la résilience opérationnelle, comme une composante du cadre de la gestion des risques opérationnels (GRO) d’une institution financière. En fait, le concept de résilience opérationnelle, qui met à contribution l’ensemble des éléments de la GRO, dont la technologie, n’est pas nouveau pour les banques. La GRO, qui fait partie des fonctions plus vastes de gestion du risque d’entreprise, offre le contexte qui permet de comprendre les retombées opérationnelles sur une banque d’une atteinte à la sécurité.
Vu l’omniprésence actuelle de la technologie dans les services bancaires, où en dépendent un grand nombre de fonctions et de processus, les risques liés à la technologie, conjointement avec les autres incertitudes auxquelles font face les banques, sont inclus dans la résilience opérationnelle globale. Considérer l’exposition aux risques liés à la technologie comme un aspect distinct dans une approche globale de la résilience opérationnelle permet aux institutions financières de toutes tailles de livrer une concurrence efficace, de tirer pleinement profit des innovations numériques et de continuer à prioriser la sécurité et la stabilité de leurs systèmes selon une approche itérative.
Les banques sont bien placées pour évaluer les effets possibles des risques liés à la technologie sur leurs opérations et pour décider des mesures adéquates qui protégeraient leurs systèmes. Lorsqu’il s’agit de services financiers, presque chaque activité repose sur la technologie. Ainsi, une énorme partie des investissements et des dépenses opérationnelles y est dédiée. Le modèle d’affaires d’une banque, la gamme d’activités pertinente et la technologie utilisée sont quelques‑uns des facteurs fondamentaux qui affectent les moyens auxquels cette banque a recours pour maintenir la robustesse de sa technologie.
À mesure que les changements technologiques s’accélèrent et que les comportements des consommateurs évoluent, l’adaptabilité aux transformations dans les conditions du marché devient essentielle, notamment la capacité d’évaluer et d’adopter la nouvelle technologie dans le but de conserver une longueur d’avance et de réagir rapidement dans certaines situations.
Par exemple, la pandémie a amené des transformations dans le secteur bancaire et dans l’économie en général à une vitesse jamais vue auparavant. Tout au long de cette pandémie, le secteur bancaire a soutenu les Canadiennes et les Canadiens, main dans la main avec les organismes de réglementation et les décideurs. Les banques ont réussi sans fléchir à relever ce défi encore inégalé. En effet, elles étaient prêtes à faire face à des situations difficiles grâce à leurs importants investissements dans la technologie et les ressources qui sous‑tendent leurs programmes solides de gestion des risques opérationnels. Entre 2009 et 2019, les six grandes banques au Canada ont investi plus de 100 milliards de dollars dans la technologie, une grande partie consacrée à l’embauche de professionnels de la sécurité informatique hautement qualifiés et à l’acquisition d’outils de pointe. La crise a été un test de l’efficacité de ces investissements dans le raffermissement de la résilience des opérations bancaires et de la qualité des services à la clientèle. Les outils technologiques nécessaires étaient déjà en place quand la pandémie s’est déclarée, quand on en avait réellement besoin. Et, par la suite, en réaction aux chamboulements dans la vie des gens, des innovations bancaires ont vu le jour en un temps record, sans affecter la sécurité et la robustesse du système financier.
La pandémie a donc consolidé la notion voulant que la résilience opérationnelle soit une combinaison de la résilience des particuliers, de la capacité des organisations et de la résilience financière. L’ensemble favorise la stabilité des banques.
Intersection, coordination et harmonisation
À mesure que les stratégies commerciales et les services à la clientèle évoluent dans notre monde connecté, la manière dont les institutions financières gèrent les risques liés à Internet, à la technologie et aux tiers évolue également. Bien que ces risques soient distincts les uns des autres, ils sont néanmoins interconnectés. Les banques ont donc élargi leurs cadres d’évaluation des menaces, ainsi que leur attitude, pour tenir compte de ces risques et pour étendre la portée de leurs plans et de leurs stratégies dans un monde en mutation.
Dans le même ordre d'idées, en ce qui a trait aux risques liés à la technologie, l'ABC et ses banques membres encouragent les organismes de réglementation financière au Canada à adopter une approche neutre, souple et fondée sur les principes.
Parallèlement aux progrès technologiques, cette approche réglementaire sera particulièrement efficace, car elle donnera aux institutions financières la flexibilité nécessaire pour contrer rapidement les nouveaux dangers et pour se constituer une meilleure résilience opérationnelle, tout en fournissant à leurs clients les services novateurs demandés.
Au‑delà des répercussions liées à la technologie, il est important de garder à l’esprit ces concepts alors qu'une multitude d'initiatives sont lancées au Canada, notamment les initiatives axées sur les finances dirigées par les consommateurs (ou « système bancaire ouvert »), sur la modernisation des paiements, sur la réforme de la protection de la vie privée et sur la numérisation de l'argent. Toutes ces initiatives sont interconnectées et ont un grand impact sur la façon dont les consommateurs se comportent dans une économie numérique, fondée sur les données.
En effet, l'ABC et ses membres encouragent une continuité dans la collaboration et la coordination entre les décideurs et les organismes de réglementation, qui favorise un rapprochement et une cohérence entre les approches dans les domaines d'intérêt mutuel.
Au fil des transformations dans le paysage des services financiers, les banques du Canada poursuivront leur collaboration avec le BSIF et les autres agences fédérales en vue de garder le secteur financier canadien sécuritaire et solide. Parallèlement, les banques collaboreront avec le gouvernement fédéral pour créer un environnement favorable à l'innovation et à la concurrence, et donc à la prestation de meilleurs services pour les consommateurs. Trouver le juste équilibre entre la stabilité et l'innovation maintiendra le système financier canadien parmi les meilleurs au monde.