La version anglaise de cet article a été publiée dans le Hill Times du 4 janvier 2023.
Avec plus de 120 pays, dont les pays du G7, le Canada a pris l’engagement d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Cet objectif ambitieux est enchâssé dans la législation à travers la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité, entrée en vigueur en 2021.
Le parcours vers la carboneutralité est complexe et s’étend sur plusieurs années. En plus d’efforts soutenus, la réussite de ce parcours appelle tout une gamme d’intervenants, dont le gouvernement, le secteur industriel et la société civile. Les changements climatiques sont l’un des problèmes de l’heure qui nécessitent les efforts collectifs de tous les secteurs de l’économie et leur pleine collaboration en vue d’atteindre un objectif commun. Le secteur bancaire s’engage à contribuer à la réalisation de ce projet générationnel.
Depuis toujours, les banques canadiennes répondent aux priorités du pays. En effet, les banques accompagnent l’évolution du Canada depuis avant la Confédération : financement du chemin de fer qui nous relie d'un océan à l'autre, vente d’obligations pour soutenir la victoire lors des deux guerres mondiales, et offre de produits et services à des générations de Canadiennes et de Canadiens pour les aider à acheter des maisons, à épargner en vue de la retraite et à développer des entreprises.
Aujourd’hui, il n’en est guère autrement.
Les banques savent que le secteur financier est essentiel à une transition harmonieuse vers une économie carboneutre et, parallèlement, au maintien de la résilience du système financier canadien. Afin de répondre aux exigences de ce défi mondial, et pour la première fois, les banques ont mis en œuvre des plans d’action climatiques dotés d’objectifs précis.
Qui plus est, les banques ont déjà franchi d’importants caps : réduction des émissions émanant de leurs propres activités; établissement d’objectifs de réduction des émissions dans leur portefeuille de prêts; collaboration avec les entreprises clientes dans tous les secteurs pour les aider à réduire leurs émissions de carbone et à prendre le virage énergétique; lancement de produits pour le financement de projets écologiques actuels et nouveaux; communication d’informations financières relatives aux changements climatiques; suivi des émissions financées avec collecte des données qualitatives pour mieux évaluer les défis; et, au-delà des frontières, rôle actif joué par nos six plus grandes banques dans des groupes mondiaux, comme l’alliance bancaire zéro émission nette établie par l’ONU.
Il s’agit d’une démonstration de la transition climatique à l'œuvre.
Les banques investissent également dans les technologies transformationnelles, comme le captage, le stockage et l’utilisation du carbone, pour contribuer au nettoyage de la production énergétique actuelle et accélérer la transition vers des alternatives plus propres. Néanmoins, une réduction radicale du volume d’émissions de gaz carbonique dans l'ensemble de notre économie impliquera des investissements additionnels de centaines de milliards de dollars.
Une étude récente de la Banque Royale montre que, au cours des 30 prochaines années, le Canada aura besoin d'environ 2 billions de dollars pour financer la transition vers la carboneutralité, presque autant que son PIB. Les banques du Canada sont essentielles au financement des technologies clés et des immobilisations qui faciliteront l’atteinte de cet objectif.
La transition économique et énergétique vers la carboneutralité présente à la fois des difficultés et des opportunités. Un processus collaboratif est nécessaire pour que le Canada atteigne ses objectifs climatiques et améliore sa productivité et sa croissance. Nous pouvons résolument générer plus d'énergie propre, stimuler notre économie et limiter nos émissions.
Le secteur bancaire encourage le gouvernement fédéral à collaborer avec l'industrie à la réalisation d’investissements ciblés et à la conception d’incitatifs fiscaux qui facilitent l’atteinte de la carboneutralité, tout en adoptant une attitude équilibrée et souple à l'égard de toute nouvelle réglementation.
Nous avons davantage besoin de la carotte que du bâton. Le budget fédéral de 2022 et l'énoncé économique de l'automne qui ont introduit des engagements axés sur l’accroissement des investissements dans les technologies vertes, y compris l'hydrogène, représentent des pas dans la bonne direction. Mais il en faut davantage pour faire progresser notre pays vers l'objectif ambitieux d'une économie carboneutre d'ici 2050.
Les banques contribuent au financement de sources d'énergie plus vertes. Or, la transition complète vers la carboneutralité ne se fera pas du jour au lendemain. Nous devons trouver un équilibre entre le besoin absolu de réduire considérablement le niveau d’émissions et l'approvisionnement continu en énergie et en produits essentiels, certains de ces produits ne pouvant être obtenus que par l'utilisation d’hydrocarbure à moyen terme. Nous devons également répondre aux demandes énergétiques intérimaires, dans un contexte d’instabilité mondiale rendu plus volatile par l’agression militaire de la Russie en Ukraine.
En effet, les sources énergétiques ne sont pas seulement essentielles pour l'économie canadienne, mais aussi pour l’ensemble de nos besoins sociaux. Le pétrole et le gaz sont d’importantes sources d'énergie au Canada, tant pour la production alimentaire et le transport que pour la fabrication et le chauffage de nos maisons. Au Canada, et partout dans le monde, les gens ont besoin de la production énergétique provenant de ces sources, vu qu’actuellement il n'y a tout simplement pas assez d'énergies vertes pour répondre à la demande.
Les 140 000 personnes qui travaillent directement ou indirectement dans le secteur pétrolier et gazier partagent massivement la vision du Canada pour un avenir à faible émission de carbone. Étant donné leur grande expertise dans la livraison du carburant qui fait avancer notre pays et le reste du monde, elles sont les mieux placées pour nous aider à atteindre la carboneutralité. De plus, les compagnies pétrolières et gazières soutiennent notre transition énergétique par des investissements clés dans l'éolien, le solaire et d'autres technologies qui faciliteront notre transition.
D'un point de vue géopolitique, le Canada peut fournir de l'énergie aux marchés nationaux et mondiaux de façon propre, efficace et progressive. Les clients internationaux préfèrent les sources d'énergie canadiennes à celles provenant de régimes conflictuels et dangereux, en raison de notre solide bilan de protection des droits de la personne, de notre respect de la primauté du droit et de notre tradition démocratique. Dans ses commentaires au Brookings Institute à Washington, D.C., la vice‑première ministre Freeland a souligné la nécessité pour les pays démocratiques de recourir à « l’amilocalisation » (friendshoring), un point de vue partagé par les États-Unis et nos plus proches alliés. Aujourd'hui plus que jamais, la gouvernance sociale et l'alignement des valeurs sont des facteurs clés pour sécuriser les chaînes d'approvisionnement vitales, y compris l'énergie.
La transition vers la carboneutralité sera longue, mais l’économie canadienne est assez solide pour tenir le coup. Les banques en accompagneront chaque étape pour financer les grandes avancées et faciliter ainsi la décarbonisation.